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( Suite )

Chapitre VI : la naissance du Sabre :

C) Le travail : Définition

La position de travail d'un polisseur est très inconfortable pour quiconque n'y est pas habitué . Le TOGISHI s'asseoit sur un tabouret très ras du sol , il utilise son genou pour faire pression sur une planche en bois flexible , le FUMAEGI , qui maintien la pierre à polir utilisée à l'aide d'une autre pièce de bois ( cf illustrations 1&1b).Un seau d'eau qui est entièrement dévolu au polissage est un bout de l'installation de l'atelier, il sert à de nombreuses fins, notamment l'humidification des pierres lors de l'abrasion et le nettoyage de la lame lesquels sont constamment exécutés tout au long du polissage .
Cette position n'est pas sans raison , la principale étant qu'elle permet au polisseur de prendre place juste au dessus de la lame , voyant parfaitement tous les défauts à réparer . Les polisseurs possèdent en général plusieurs dizaines voire centaines de pierres à polir de granularités et duretés différentes .
Les pierres proviennent soit de roches sableuses de type granitique soit du lit de cours d'eau bien que ces dernières soient très dangereuses car leur abrasivité peut causer des rayures irréparables aux lames . Les pierres à polir sont très couteuses parce qu'elles sont issues des carrières de montagnes et de ce fait , celles les produisant sont très connues au JAPON de puis au moins un siècle . Aujourd'hui , lors des premiers stades du polissage , on emploie des pierres artificielles faites de carborundum ou d'oxyde d'aluminium .
Leur emploi a deux avantages : leur plus grande disponibilité et leur grain d'une taille plus uniforme . Pour le polissage final , des pierres à polir à grains extremement fins sont nécessaires , d'où l'utilisation de pierres de carrières .
Les pierres naturelles , épaisses , plus chères au gramme , peuvent couter plusieurs milliers d'euros .
Le polissage comprend deux niveaux : le SHITAJITOGI ou fondation du polissage : ici c'est la lame qui est bougée sur des pierres à polir depuis ARATO jusqu'à UCHIGOMORI . Le second niveau est appelé SHIAGETOGI ou finition du polissage . Ici , les pierres sont minces , le dos est recouvert de papier et de laque . Elles sont bougées sur la lame , maintenues avec la main . Le TOGISHI conclut en définissant la pointe , le KISSAKI , blanchissant le HAMON en utilisant une pierre HADORI et en brunissant le dos et le SHINOGI JI .
L'une des opérations préalables à laquelle le polisseur peut être conduit , est le redressement de la lame , surtout s'il s'agit de réparer une lame ancienne .
L'un des méthodes consiste à utiliser deux Tamegi ou blocs de bois ( cf illustration jointe 1c ) . La manipulation des blocs de bois dans un sens et/ou dans l'autre courbe la lame suivant le besoin . La lame reçoit de l'eau bouillante pour atténuer l'effet des pièces de bois qui s'applique toujours sur le SHINOGI JI et jamais sur le HASAKI .
Les autres méthodes de redressement sont les suivantes ( voir illustrations jointes 1d,1e et 1f ) : le marteau et le morceau de bois , le marteau et l'enclume et le feuillard en U qui sert de gabarit de maintien .

D) SHITAJITOGI : fondation du polissage

Donc les pierres utilisées ici sont relativement rugueuses et grossières . La lame est déplacée sur ces pierres avec une grande précision et un contrôle rigoureux de manière à éviter les rayures importantes voire profondes qu'aucun polissage raisonnable ne pourrait réparer .
Comme la surface de la lame est courbe , le TOGISHI doit toujours être attentif à la surface de la lame en contact avec la pierre à chaque instant . La zone proche du SHINOGI demande une concentration particulière . Laisser la lame glisser sur le SHINOGI pourrait la ternir et même ruiner l'apparence de l'épée en changeant la géométrie .
Pendant qu'il travaille sur la lame , le TOGISHI essaie de garder son dos droit et son corps positionné directement au dessus de la lame pendant qu'il remue ses bras d'avant en arrière . Il tient le sabre avec un chiffon dans sa main droite et le maintien de la main gauche , la paume restant sur la partie supérieure de la lame et les doigts sur le bas . Les doigts sont enroulés autour de la lame mais n'exercent jamais aucune pression directement sur le tranchant , heureusement ( cf illustration 2 ) . Pour sa sécurité , le tranchant fait toujours face au polisseur . De cette façon , le TOGISHI commence avec le NAKAGO à sa droite ( cf illustration 3 ). Pour réaliser la surface opposée , il retourne la lame de telle sorte que les soies se retrouvent sur sa gauche .
La lame est travaillée sur une section de 10 cm de long à chaque fois , de cette façon même une zone très dure demeurera sous contrôle.
Le TOGISHI travaille depuis le NAKAGO en remontant vers la pointe d'un côté puis de l'autre , se concentrant sur une surface à la fois :
1) le MUNE , 2) le SHINOGI 3) le JI . Comme chaque surface est polie quelquefois différemment , il est plus aisé pour le polisseur de faire s ' activer la lame avec un mouvement et une pression nets et consistants . Du tranchant en remontant vers le SHINOGI , le travail est plus laborieux , le but étant de faire ressortir le HAMON et apparaître la texture de l'acier . Dans les deux autres zones , c'est le brunissage qui montrera au mieux les caractéristiques de l'acier , il suffira pour cela que les arêtes soient réelles et les surfaces lisses et propres .
Les stades développés ci-après sont les principaux dans le processus de polissage . En pratique , les polisseurs utilisent régulièrement de nombreux types de pierres intermédiaires qui varient en dureté et en granularité . En vérité , chaque lame préside à son propre polissage .

- ARATO : Cette pierre est quasi-exclusivement utilisée pour les lames neuves ou les anciennes ayant subi de graves dommages ou très rouillées .
Elle est constituée d'une pierre sableuse naturelle grossière voire très grossière , 180 grains . Elle enlève toutes les marques de limage provenant de la forge , aiguise la lame et dresse toutes les arêtes principales , du SHINOGI au MUNE compris le HASAKI , le tranchant .
Le polisseur remue la lame perpendiculairement à sa longueur sur la pierre .Pendant qu'il travaille , le polisseur asperge continuellement la pierre avec de l'eau pour lubrifier . La rugosité du polissage de ce premier stade a occasionné des rayures sur la lame du sabre et ne revèle aucun détail de l'acier de l'épée ( cf illustration 4,5 et 5b ).

- BINSUI : C'est une autre pierre sableuse rugueuse ( 280-320 grains ) avec laquelle on enlève les marques laissées par la pierre ARATO .
Ce stade concerne principalement la géométrie générale de la lame , la définition véritable des différentes arêtes .
Durant cette phase , plutot que de bouger la lame comme au stade précédent , c'est-à-dire perpendiculairement à sa longueur , le polisseur l'incline d'un petit angle (cf illustration 4 ). Ceci est fait afin de distinguer les marques laissées par la présente pierre des marques plus grossières laissées par la pierre d'avant . Cette action " angulaire " laisse en outre des rayures moins profondes que la position perpendiculaire . Par ces deux effets combinés , le TOGISHI commence à affiner et dessiner la lame.
Lorsque que toutes les marques laissées par ARATO sont disparues , remplacées par celles de BINSUI , le polisseur passse au stade suivant .

- KAISEI : Le polisseur bouge le sabre contre la pierre KAISEI (400-600 grains) diagonalement, suivant un angle de 25° toujours pour distinguer les nouvelles marques de celles de la précédente BINSUI . Il commence à rendre la surface plus lisse et plus fine .
Le métal devient plus noir et plus réfléchissant . La ligne bordant le HAMON devient visible . En fait , à l'issue de l'utilisation de cette pierre , toutes les surfaces de la lames seront clairement définies géométriquement s'entend et ne seront plus modifiées jusqu'à la fin du polissage de ce point de vue ( cf illustration 4 ).

- NAGURA : Il existe deux pierre NAGURA : la CHU-NAGURA plus rugueuse ( 800 grains ) et la plus fine KOMA-NAGURA ( 1200-1500 grains ). Suivant le polisseur, ces pierres peuvent être soient naturelles soient artificielles . La plupart des pierres sont utilisées de la même manière en bougeant la lame sur sa longueur avec un léger mouvement roulant . Ces actions ont un effet coupant moins profond que l'action diagonale , l'effet rotatif provoque sur la lame une abrasion assez considérable . Après chaque geste , le sabre est tournée légèrement , pour travailler graduellement du tranchant au SHINOGI . Quand une section de la lame est achevée , le TOGISHI passe à la suivante , progressant continuellement du NAKAGo vers le KISSAKI . Quand les marques diagonales laissées par KAISEI ont disparu et que les marques visibles ne sont uniquement que celles de CHU-NAGURA , le polisseur passe à KOMA-NAGURA .
Cette pierre n'étant que très légèrement plus fine que la précédente , sont impact sur le métal est très léger . Cependant à ce stade , le HAMON commence à être clairement apparent (cf illustration 4 ).

- UCHIGOMORI : Cette pierre est exclusivement naturelle . Le polisseur doit toujours être attentif au moindre petit défaut sur la pierre car cela peut rayer , érafler la lame . Il y a deux pierres UCHIGOMORI , HA-TO et JI-TO . Toutes ces pierres sont plus fines que les NAGURA , affichant 3000 grains ou plus , mais la finessse spécifique de celles utilisées dépendra de la qualité du sabre .
Les épée diffèrent et leur polissage aussi en fonction de leur forme , de leur teneur en carbone et de la qualité des soudures .
Un polisseur doit toujours avoir sous la main plusieurs degrés d' UCHIGOMORI car il doit souvent en essayer plusieurs avant de choisir celle qui aura la meilleure efficacité . L'expérience et l'aspect final qu'il souhaite donner à la lame contribuent à définir son choix .
Le mouvement s'effectue toujours sur la longueur de la lame , mais à surtout à plat , car ces pierres sont très abrasives et le moindre excès peut causer de grave séquelles à la lame .
UCHIGOMORI HA-TO est utilisée en premier , sur toute la surface de la lame jusqu'à disparition complète des traces NAGURA , et que le HAMON soit clair . UCHIGOMORI JI-TO vient ensuite : elle sert exclusivement sur le tranchant et le JI pour faire " naître " le HADA au dessus du HAMON. le MUNE et le SHINOGI JI sont exclus de cette phase de travail . Leur polissage est suffisant , ils subiront ultérieurement le brunissage . ( cf illustration 6 ) .
Les illustrations suivantes ( N° 7 , 8 et 9 ) montrent les effets des pierres KAISEI , NAGURA et UCHIGOMORI sur la lame .

PS : D'autres pierres intermédiaires peuvent être utilisées mais sont moins courantes , comme KONGOTO située entre ARATO et BINSUI .
Son utilisation se fait de la même façon que BINSUI . Autre pierre intermédiaire SUITA une variété d'UCHIGOMORI JI-TO spécialement utilisé sur le HA juste après les NAGURA et avant les UCHIGOMORI .

A suivre......

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Chapitre 6 : Naissance du Sabre