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( Suite )

Chapitre VI : la naissance du Sabre :

F) SHINGANE : l'acier du coeur ou noyau de la lame

Le processus détaillé précédemment sert à fabriquer le KAWAGANE où acier médium qui sert à fabriquer le corps ( les côtés de la lame ) voire le tranchant .
Le HAGANE , acier dur sert à la même chose que le précédent où à fabriquer exclusivement le tranchant voire le dos lorsque les 3 nuances d'acier existent dans une même lame et est réalisé de la même façon que le KAWAGANE .
Le SHINGANE lui constitue donc le noyau tendre du sabre inséré dans de l'acier plus dur ( Voir plus bas dans ce dossier ) . Cet acier , plus doux et donc plus ductile a pour role d'amortir les chocs du sabre et d'éviter qu'il ne se brise .
Pour " construire " cet acier , il faut 1 kg de TAMAHAGANE ayant une teneur en carbone maximale de 0,50 % . L'acier doux donc plus malléable est directement martelé simplement puis est aplati sous forme de barre ; celle-ci est pliée et repliée environ 10 fois ; le SHINGANE nécessite autant de pliages car il est empreint de nombreuses impuretés .
A la fin de son travaille , le KAJI obtient une barre effilée de 250 gr ( 1/4 du poids de l'échantillon de départ , le reste est perdu à la forge ) présentant une teneur en carbone de l'ordre de 0,20 à 0,30 % .

Les autres aciers avec plus ou moins de carbone peuvent être obtenus en augmentant ou diminuant le nombre de pliages des trousses constituées ( comme expliqué précédemment ) .
Regardez les résumés de la forge de notre forgeron ( Illustration N°1 ) .

G) TSUKURIKOMI : Structure de la lame ( cf illustrations N°2 ,3 & 4 )

La partie suivante du travail consiste à définir la structure de la lame que le forgeron va élaborer .
Pour cela, il " marie " les différentes nuances d'aciers fabriqués précédemment pour obtenir le profil désiré de la lame . L'illustration N°3 montre la plupart des structures de lames élaborées au travers de l'histoire de la forge japonaise .

Avant de reprendre le travail avec notre KAJI , détaillons-les :
On remarque ici la présence de trois nuances d'acier . Ce sont celles que nous avons évoquées un peu plus haut .
La plus simple des structures :
la structure MARU KITAE faite avec un seul acier , c'est une lame dite pauvre qui nécessite moins d'acier en terme de masse initiale et moins de travail évidement . Une structure telle que celle-ci fournit une lame certes tranchante , c'est l'apanage de l'acier dur , mais sèche et cassante qui se brise facilement que ce soit par les coups donnés ou par ceux reçus .
Les autres structures sont toutes des structures KOBUSE qui présentent un noyau tendre et un tranchant et des faces en acier dur ou mi-dur . KOBUSE signifiant composite .
la première de ces structures composites est la suivante :
la structure KOBUSE KITAE : c'est la structure combinée de base avec un noyau et un dos en acier tendre , entouré par de l'acier dur voire mi-dur qui constitue faces et tranchants . L' arme est tranchante , résistante au choc , et résiliente .
Mais pas encore parfaite ; certes les faces sont solides mais cassantes en cas de chocs même si les dommages restent surfaciques , de même pour le dos s'il est utilisé pour parer les coups par exemple car il est en acier doux ...
La seconde par ordre de qualité : la structure MAKURI : elle progresse par rapport à la présente en éliminant la remarque ayant trait au dos puisque ici , il est en acier dur , même si ce type d'acier peut présenter des risques de bris , sur le dos comme les faces .
Les troisièmes : HONSAN MAI KITAE et également ORIKAESHI SANMAI KITAE : ces deux structures affichent le même profil définitif seul leur mode de construction diffère . Regarder le dessin pour comprendre le type d'assemblage différent . Là , ça commence à devenir sérieux . Trois aciers utilisés , noyau en acier tendre , tranchant en acier dur qui plus est , renforcé par une remontée entre les aciers constituant les faces , et ces dernieres justement en acier mi-dur . L'examen de cette lame nous donne : un tranchant solidement ancré et coupant , un coeur amortissant les chocs , des faces en acier mi-dur , généralement suffisant pour accepter les coups puisque moins cassant que l'acier dur , reste le problème du dos en acier tendre , on progresse .
La suivante SHIHOZUME KITAE : Là c'est presque parfait : tranchant en acier dur = tranchage efficace , noyau en acier tendre = chocs amortis , faces en acier mi-dur = résistance et résilience et enfin dos en acier mi-dur , mêmes remarques que pour les faces de la lames . C'est très solide comme structure .
Le raffinement , le fin du fin , la structure la plus parfaite jamais réalisée dans le monde de la forge depuis la création du monde :
la structure SOSHU KITAE qui porte le nom de la tradition du GOKADEN qui l'a créée .
Le tranchant en acier dur qui coupe et de plus est ancré plus profondément que dans le cas du SHIHOZUME KITAE , le noyau évidemment en acier tendre qui possède la résilience , les faces recouvertes d'un couche assez fine d'acier mi-dur pour satisfaire à la résistance aux chocs et augmenter la protection du noyau, le dessus du dos en acier dur mais juste ce qu'il faut reposant sur l'acier tendre pour résister aux chocs et les amortir quasi immédiatement justement par la présence de l'acier tendre .
La merveille des merveilles !
Cette structure serait l'oeuvre du grand forgeron de la SOSHU DEN , MASAMUNE .

J'ai laissé les deux autres structures en plan ; inutile de dire qu'elles ne rivalisent pas avec la précédente et j'ai du mal à en cerner l'intérêt tant elles ne sont même pas de chainons entre les différentes structures .
WARIHA ou WARIBA TETSU KITAE : Un tranchant en acier dur , le reste en acier mi-dur : une structure assez simple , pas vraiment une structure KOBUSE car si elle est composite , l'intérêt de la composition est limitée ; notamment par rapport à une lame KOBUSE , elle est identique du point de vue tranchant moins résistante , moins résiliente pour les faces et le noyau et seul le dos offre peut être un meilleur comportement mais ce n'est même pas sur . Structure ayant sans doute existé mais peu avantageuse ; à placer juste au dessus de MARU KITAE .
La dernière , GOMAI KITAE , est , elle une lame KOBUSE .
L'interêt d'un noyau renforcé en acier dur ???? , pour le reste , voir MAKURI KITAE , c'est sensiblement proche .
Vu l'interrogation pour le coeur , elle est à placer entre KOBUSE et MAKURI où entre MAKURI et HON SANMAI-ORIKAESHI SANMAI.

Revenons à nos moutons , où plutôt à nos lames .
Le but est dorénavant d'ébaucher la lame .
Cette ébauche est nommée SUNOBE . Mais cela débute par le TSUKURIKOMI . L'illustration N°23 propose les structures de lames de notre KAJI . Elles sont KOBUSE et HON SANMAI et miracle correspondent parfaitement aux croquis et explications données au paragraphe précédent . Ouf !
Le forgeron prend notre barre constituée par la composition structurelle choisie , la chauffe dans la forge et la martèle pour l'étirer jusqu'à obtenir une ébauche de la lame égale à 90 % de sa longueur définitive . La largeur ainsi que l'épaisseur sont également 10% plus courtes que les mêmes dimensions à leur stade définitif .
Le forgeron martèle d'abord le NAKAGO afin de pouvoir le positionner dans l'ébauche de la lame commençant par les MACHI côté tranchant HAMACHI puis côté dos MUNEMACHI .
A ce stade , le NAKAGO est ainsi parfaitement défini ; il s'attaque aussitôt à la pointe pour en " dessiner " les contours .
Un martelage attentionné d'un bout à l'autre permet de réaliser un SUNOBE uniforme du point de vue épaisseur du NAKAGO au KISSAKI comme du MUNE au HASAKI .
C'est juste une barre d'acier d'environ 67-68 cm de long , une esquisse brut de la lame (cf illustration N° 5 ) .

A Suivre.....

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Chapitre 6 : Naissance du Sabre