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( Suite )

Chapitre VI : la naissance du Sabre :


4.Le Polissage :

A) Le Role du polisseur :

Le polisseur ou TOGISHI est un rouage plus qu'important , indispensable dans le monde du sabre japonais car c'est lui qui porte la responsabilité de terminer la lame , tant du point de vue esthétique que du point de vue purement technique .
Déjà , dans le passé , il avait pour rôle de réaliser le tranchant du sabre et de le réparer si celui-ci avait été endommagé au combat .
Le polissage est un processus abrasif ; quand une lame est réalisée , tout le travail de forge , de trempe , laissent leurs marques quelque part sur l'acier . Si sa surface est lisse et régulière , les marques se verront d'autant mieux .
De fait les pierres à polir , quelque soit leurs finesses , laissent toujour des rayures particulières sur les surfaces d'acier .
Le travail du TOGISHI est , en utilisant successivement des pierres de granularités différentes et complémentaires , de réparer les marques laissées par les pierres précédentes . La succession de pierres produisent également l'affinage de plus en plus précis et parfait de la lame .
Le résultat final d'un bon polissage fait apparaître clairement toutes les variations créées par le forgeron sur sa lame .
Un pauvre polissage peut produire une pièce belle à voir au premier abord , mais ses caractéristiques seront floues , rendant l'examen de la lame difficile .
L'une des raisons qui rend compliqué le récit de l'évolution du polissage au JAPON , c'est la nature même du support .
En effet , le métal rouille toujours , quelque fut la façon dont il a été forgé et entretenu . Un bon polissage ne durera pas plus d'une centaine d'année .
Personne par conséquent ne sait , quelle était la nature du polissage aux périodes KAMAKURA ou MUROMACHI . Tout cela parce que plusieurs polissages successifs ont été réalisés sur les lames antiques depuis leur création .
Les quelques descriptions du passé que nous possédons sont des écrits soient vagues soient confus .

Originalement , les polissages grossiers afin de construire le tranchant et la forme complète de la lame ou SUGATA ont toujours été réalisés par les forgerons .
Leur travail se limitait surement aux pierres ARATO, BINSUI et KAISEI . Depuis la période KAMAKURA , les polisseurs ont toujours travaillé séparément des forgerons . Les références dans les vieux ouvrages suggèrent que les TOGISHI d'antan connaissaient et utilisaient déjà toutes les pierres d'aujourd'hui .
Pendant la période MOMOYAMA , leur virtuosité et leurs connaissances approfondies des lames anciennes , faisaient des polisseurs non seulement des artisans mais aussi des appréciateurs de sabres . Prédominante parmi ces experts , était la famille HON'AMI .
Cette famille établie par TOYOTOMI HIDEYOSHI à la fin du XVIème siècle est toujours active dans le monde du sabre du JAPON d'aujourd'hui .
Les HON'AMI ont servi HIDEYOSHI mais également les shoguns TOKUGAWA durant la période EDO . Leur réalisation, la plus notable est la constitution d'un catalogue des lames les plus remarquables , rédigé au début du XVIIIème siècle et nommé le KYOHO MEIBUTSU CHO .

Le polissage et l'expertise des lames ont toujours été relatés dans les divers ouvrages littéraires . Ceux-ci qualifiaient communément le polissage : " d'expression du caractère véritable de la lame " et " d'exposition de son coeur " .
La compréhension d'une lame par le polisseur ne prend pas simplement place d'un point de vue esthétique , mais également sur un niveau de connaissance et de tradition .
Un TOGISHI , sait de quelle période provient une lame et si elle est neuve , quelle tradition elle représente . Il doit savoir ,
ou estimer qui l'a forgée , quelles sont ses caractéristiques et celles de son école : le dessin du HAMON , la forme de la pointe , la qualité du métal etc ...
A l'inverse , le polisseur sait très vite si une lame est fatiguée comme le sont les vieilles lames quand leur HAMON a été l'objet de nombreux polissages au fil des ans .
Le TOGISHI doit également ressentir le métal des différentes périodes . La difficulté d'enlever de l'acier indique aussi sa dureté et d'où il provient . Par exemple , l'acier d'une lame BUNGO datant d'une XVI ème siècle reste " brumeux " même lorsqu'elle est repolie .
Des yeux inexpérimentés peuvent trouver fade un polissage tout comme un polisseur peut ruiner une bonne lame en gâchant celui-ci par son incapacité à en tirer toute l'essence esthétique et technique qu'elle avait en elle . En définitif la seule question que doit se poser le TOGISHI devant la lame c'est : " Avec quelle sorte de lame suis-je aux prises ? " .
Une appréciation minutieuse lui ouvrira le coeur de celle-ci, et lui sera alors révélé comment en faire ressortir les beautés cachées .

A suivre......

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Chapitre 6 : Naissance du Sabre